Pierre Feuille Ciseaux #3

Pierre Feuille Ciseaux, tel est le nom que l’association Chifoumi a donné à cette manifestation unique en son genre. Version courte: une trentaine d’auteurs de bande dessinée en résidence à la Saline Royale d’Arc-et-Senans pour une semaine de création collective et d’exercices à saveur oubapienne.

La troisième édition a lieu la semaine prochaine (du 2 au 9 octobre). Pour celle-ci, on m’a confié la mission de créer un atelier numérique à destination des auteurs. Ils pourront s’essayer à quelques exercices que j’ai mis au point pour découvrir la bande dessinée numérique et jouer de quelques-unes de ses potentialités. Hâte de voir les résultats, dont je vous ferai part d’une manière ou d’une autre…

Les travaux réalisés durant la semaine seront montrés au public les samedi 8 et dimanche 9 octobre, week-end pendant lequel auront également lieu de multiples « causeries », conférences, et autres animations.

Le site de Pierre Feuille Ciseaux | Infos sur l’atelier numérique ici.


 

Sortie du « Pays du silence »

Le Pays du silence sort sous la forme d’un petit fanzine édité par l’Egouttoir, pour la modique somme de 5 euros. Il s’agit de la bande dessinée que j’ai réalisée aux 24h de la bande dessinée de Periscopages et Grandpapier 2010, dans une version légèrement corrigée.

Le pays du silence, 5 euros, édition l’Egouttoir. | Infos et commande en me contactant ou sur le site de l’Egouttoir (mise à jour non garantie) | La version originelle est toujours disponible sur le site Grandpapier.

Interviewé par Philippe Marcelé

Philippe Marcelé, ancien enseignant à l’université Rennes 2 qui a codirigé mes recherches de Master, m’a interviewé au sujet de mon travail. 


Début de l’entretien: 

Philippe Marcelé:
Anthony, il se dégage d’une vue d’ensemble, même superficielle, de ton travail, deux choses essentiellement : d’une part, son caractère minimaliste qui réduit les figures à l’état de signes élémentaires, de pictogrammes anonymes ; d’autre part, l’importance du numérique tant dans la réalisation que dans le mode d’existence de l’œuvre, c’est-à-dire son support. On peut penser que ces deux aspects sont, pour toi, en complète interférence. Cependant, pour des raisons de clarté, je préférerais que nous les abordions, dans un premier temps, l’un après l’autre.
Commençons par les pictogrammes. Pourquoi s’en tenir à un système de signes aussi minimal ?

Anthony:
D’accord pour procéder dans cet ordre. Pour répondre à ta première question, je dois revenir sur la façon dont les pictogrammes sont apparus dans mes travaux. D’abord pour des raisons purement « tactiques », avant de s’imposer comme système…

>> Lire la suite sur le site de Philippe Marcelé. 


Autres liens: site de Philippe Marcelé.
Je vous recommande de lire également l’interview de Tifenn

 

Actes de l’Université d’été de la bande dessinée 2010 en vidéo

La Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image d’Angoulême vient de mettre en ligne les vidéos de l’Université d’été 2010, consacrée au « Trans-média, cross-média, média global : de l’album singulier aux écrans multiples ». J’y avais fait une brève présentation de Prise de tête que vous pouvez visionner ci-dessous.

L’ensemble des vidéos est consultable sur la page dédiée du site de la CIBDI. Vidéo mise en ligne avec l’autorisation de Pouria Amirshahi pour la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image.

La justice est bovine (24h de la BD)

A l’occasion des 24h de la bande dessinée, de l’animation et de la radio, organisées par Périscopages et Grandpapier, j’ai réalisé un « turbomédia ». Petit rappel des faits: les planches réalisées lors de cet évènement sont postées sur le site Grandpapier. La navigation dans les albums s’y fait sous la forme de diaporama. Il me semble alors vraiment étrange de ne pas prendre en compte ce fait, et d’y poster des planches pensées (comme) pour le papier, au lieu de tirer profit des possibilités narratives offertes par le diaporama. Aussi, en concertation avec les équipes de Périscopages et Grandpapier, j’ai proposé aux auteurs participants de réaliser un « turbomédia », terme qui qualifie une manière de créer des bd-diaporamas en profitant de leurs particularités (possibilité de superposition, de composition et décomposition, de jeux de rythmes) et en évitant certains écueils (gadgets, animations homochrones). Une section « turbomédia » a donc été ouverte avec l’épreuve suivante: « Réalisez un turbomédia de 24 séquences en 24h ». Le système d’affichage des images a été amélioré pour l’occasion dans cette section du site. Au final, j’ai été le seul participant à réaliser un « turbomédia », mais je ne désespère pas que cela puisse donner des idées à certains! 

Voici donc le résultat de ma participation, en ligne sur Grandpapier (cliquez sur l’image):

Pour voir l’ensemble des contributions, rendez-vous sur le site Grandpapier. | Pour en savoir plus sur le « turbomédia », cette page et celle-ci. | Un reportage photo de la session rennaise est disponible ici

La BD numérique s’invite aux 24h de la BD

Le festival Periscopages et le site Grandpapier organisent une nouvelle fois leurs 24h de la BD le 21 et 22 mai prochains. Elles sont couplées aux 24h de la radio et de l’animation. Celles et ceux qui souhaiteraient y participer pourront faire atelier commun à Bruxelles ou à Rennes (aux Ateliers du Vent) ou depuis chez eux. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 16 mai dernier délai.

A cette occasion, et en concertation avec les équipes de Grandpapier et Periscopages, je propose à ceux qui le souhaitent de s’initier à la bande dessinée numérique en relevant le défi des 24h du « Turbomedia » (forme de bande dessinée numérique facile à aborder). 

Toutes les infos: les 24h à Rennes sur le site de Periscopages | les 24h à Bruxelles sur le site de Grandpapier | les 24h du Turbomedia sur cette page dédiée

Inscription: Rennes et à distance, envoyer un mail à 24h@periscopages.org | Bruxelles et à distance, envoyer un mail à 24h2011@grandpapier.org

Colloque « Hybridations textes et images »

J’interviens vendredi 13 mai dans le colloque Hybridations textes et images, organisé par le laboratoire Intru, à l’université François Rabelais de Tours. Ce colloque se déroule du 11 au 13 mai et promet d’être très riche. Y participeront notamment Marc-Antoine Mathieu, Thierry Smolderen, Thierry Groensteen, Pierre Fresnault-Deruelle ou encore Benoît Berthou.

Programme complet sur le site du labo Intru.
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Résumé de mon intervention:

La bande dessinée numérique,
si loin et si proche de la bande dessinée.
Figures et tensions d’un médium hybride.

Réduisant tout contenu à un même et unique matériau, des 0 et des 1, « La technologie numérique […] favorise fortement l’hybridation non seulement entre les constituants de l’image (ou du son), mais aussi entre les pratiques artistiques (arts graphiques, photographiques, cinématographiques, vidéographiques, arts du son, arts du texte, arts du corps, etc.) » [Hillaire et Couchot, L’art numérique: comment la technologie vient au monde de l’art]

On dit de la bande dessinée qu’elle est particulièrement apte à être ainsi absorbée et devenir objet d’hybridation numérique, car elle est « composite par nature, elle utilise prioritairement l’image fixe et le texte écrit, comme le font aujourd’hui le CD-Rom et les Réseaux. » [Peeters et Schuiten, L’Aventure des images, de la bande dessinée au multimédia] Pourtant, faute de créations originales et parce que celles-ci sont la plupart du temps pensées en vue d’une publication papier (exemple des blogs-bd, mais aussi de la série Bludzee de Lewis Trondheim, destinée à l’album après une première diffusion sur iPhone et Internet), les outils numériques ne sont utilisés que comme support de lecture et de navigation pour des planches qui fonctionnent aussi bien sur écran que sur papier. Le processus d’hybridation, au sens de Couchot et Hillaire, n’a pas réellement lieu. Si l’hybridation suppose un effacement plus ou moins partiel des frontières entre les arts et les média, la bande dessinée numérique telle qu’on nous la présente majoritairement aujourd’hui reste circonscrite dans le champ de la bande dessinée, et identifiable comme telle. Or, s’il est poussé dans ces retranchements, un médium absorbé par le numérique n’est plus tout-à-fait le médium d’origine, il est en quelque sorte « contaminé ». Empruntant nos mots à Couchot et Hillaire, nous pouvons dire que poussée à ses extrêmes, la bande dessinée numérique n’est plus exactement de la bande dessinée, et l’est encore moins quand elle devient interactive.

Ces affirmations, bien que nous les approuvions, nous semblent incomplètes. Aussi nous formulons une hypothèse qu’il nous appartiendra de confirmer ou d’invalider lors de cette communication. Plus la bande dessinée s’hybride (avec d’autres média ou avec des « propriétés » du numérique telle que l’interactivité) et devient méconnaissable, plus elle devient bande dessinée numérique. Mais il nous semble également que, paradoxalement, elle se renforce en tant que bande dessinée en en soulignant les spécificités, seule condition pour qu’elle ne franchisse pas définitivement la frontière qui la ferait devenir film d’animation ou autre jeu vidéo. Autrement dit, la bande dessinée numérique n’existerait que dans l’écart qu’elle creuse avec la bande dessinée, tout en réaffirmant fortement ce qu’elle conserve de celle-ci.

Nous tenterons de mettre ces tensions en évidence à travers l’étude de différentes figures d’hybridation dans la bande dessinée numérique (animation, son, interactivité, etc.) dans un corpus d’œuvres qui jouent avec les frontières. Nous verrons également comment cet état de tension produit de la poésie. Un premier exemple pourrait être Turnaround, de Céline Keller, présenté comme un film d’animation, mais qui relève bien plus d’un genre hybride entre ce dernier et la bande dessinée.